Depuis qu’il a rouvert depuis le début du mois de septembre, après une super rénovation, le bâtiment est devenu un hub créatif et digital avec un vaste bar à bières (on est à Liège!) et un petit hall de restauration. La Grand Poste, on en parle si familièrement que nombre de Liégeois ne se sont jamais posé la question de savoir pourquoi le “e” de ce qui a longtemps été une “grande poste” se fait la malle à l’écrit.

Ca tombe bien puisque Michel Elsdorf est l’auteur -avec feu Yvon Labarbe, d’un livre qui vient d’être édité par Noir Dessin Production intitulé “La Grand Poste autrefois”. Nous lui avons donc posé la question. Le bâtiment inauguré le 15 décembre 1901 -il y a tout pile 120 ans au jour près- était officiellement dénommé Hôtel des Postes de Liège. Il devait permettre de faire face à l’augmentation du trafic postal, qui allait être particulièrement dense avec les cartes postales et les lettres envoyées dans le contexte de l’exposition universelle de 1905 qui eut lieu dans le quartier des Vennes. “C’est du vocable populaire qu’il a hérité son nom actuel”, explique l’auteur du bouquin. “Les habitants l’ont vite appelée la grand poste et, avec l’accent liégeois, c’est devenu la “gran pos” avec la non prononciation des consonnes finales des deux mots.

Mais le fait que l’on dise également le “Grand-Poste de Huy” ou même “la Grand-Place de Bruxelles” relève-t-il également de questions d’accent? Et puis dans des villes françaises comme Saint-Etienne, où l’accent wallon ne sévit guère que dans des recoins belgicains, on dit également Grand’Poste… tout comme les Ch’tis parlent de la Grand Place de Lille.

Un autre explication apparaît dès lors, relevant d’une exception de la langue française à la règle des accords des adjectifs au féminin et du fait que “Grand Place” s’écrivait à l’origine “Grand-Place”. En effet, quand un nom commun féminin est en duo avec l’adjectif “grand”, l’expression prend un tiret et grand reste au masculin. On pense par exemple à “grand-mère”ou “grand-chose”. La trait d’union a ensuite été gommé au fil du temps dans certaines contrées, au profit d’une apostrophe visant à signaler la disparition du “e” final. Selon d’autres sources, c’est l’apostrophe qui a gommé le trait d’union.

Autre explication, qui nous est fournie par Jean-Luc Godard, poète et romaniste: “L’origine de ‘grand’ (et aussi de “fort”, comme dans Rochefort) au féminin remonte au latin: les adjectifs terminés par -is avaient la même forme au masculin et au féminin: grandis (masculin), grandis (féminin), grande (neutre). La langue française, très conservatrice, a maintenu, jusqu’à ce jour, des formules traditionnelles -avec grand, adjectif féminin: grand-poste, grand-mère, grand-rue, grand-messe, etc.

Par-delà ces explications, si vous voulez tout savoir sur le contexte de la construction de la Grand’Poste, ses postiers, la vie autrefois (aussi en photos) et l’histoire des rues avoisinantes, le livre de Noir Dessins Productions peut être acheté via ce lien et dans certaines librairies.


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