Faute d’avoir vu son renouvellement voté par le conseil communal et son financement assuré, la salle de consommation de drogue à moindre risque de la rue Florimont (ouverte depuis 2018) avait dû fermer quelques jours en septembre 2021. En février de cette année, le gouvernement wallon reconduisait sa convention sur trois ans, grâce à un budget annuel de 1.000.000€/an.

Lors du prochain conseil communal, la conseillère (Les Engagés) Carine Clotuche va demander une évaluation à l’aune de cette reprise ainsi que l’organisation d’une commission relative aux enjeux de la toxicomanie en présence de la fondation TADAM qui gère le projet, ainsi que la création d’un groupe de travail. “Se doter d’une salle de consommation à moindre risque pouvait avoir comme conséquence une concentration de la toxicomanie sur le seul territoire de notre ville. L’importance d’une évaluation a été exprimée à plusieurs reprises et vous nous aviez assuré qu’une étude d’incidences serait menée en coopération avec l’université de Liège et la fédération européenne qui milite en faveur des salles de consommation à moindre risque. (…) Un an plus tard, la situation ne semble pas s’être améliorée“, dira-t-elle au bourgmestre Willy Demeyer.

Si le parti d’opposition ne se pose toutefois pas forcément en détracteur de cette “salle de shoot”, à l’instar de la grande majorité des acteurs politiques ou sociaux (quasiment tout le monde n’y voit que des avantages), ce n’est pas forcément le cas d’une minorité silencieuse concernée par le problème. Des parents directement touchés par le drame d’un enfant ou d’un proche plongé dans les affres de l’assuétude aux drogues dures émettent des critiques. Certaines de ces critiques ciblent notamment un exemple concret: la salle de consommation à moindre risque de Liège imprime et distribué à ses utilisateurs un prospectus expliquant étape par étape comment transformer de la cocaïne en crack. L’objectif étant de les inciter à utiliser du bicarbonate de soude plutôt que de l’ammoniaque (qui ajoute de la nocivité).

Par rapport à cela, un papa dont le fils est plongé dans de graves problèmes de drogue rage sans être entendu: “Ce prospectus retrouvé chez moi, qui est un mode d’emploi, me pose vraiment problème. Le but devrait être de les encourager à ne plus se droguer, non? C’est un peu comme si on distribuait un mode d’emploi sur la meilleure façon de se suicider à un dépressif. Selon moi, le message que l’on fait passer risque de créer une confusion dans l’esprit des toxicomanes ou de certains jeunes fragiles, en banalisant la prise de stupéfiants. Et, en outre, ça peut se retrouver n’importe où et dans n’importe quelles mains“.

Il est vrai que, sur le prospectus en question, à côté du logo de la Ville de Liège, aucune mention ne rappelle que la prise de drogue est dommageable pour la santé. “C’est un dépliant parmi d’autres que nous créons avec la SCMR, exclusivement à destination de nos usagers, et d’autres expliquent aussi par exemple comment se laver les mains, le Covid,…“, contextualise Dominique Delhauteur, coordinateur général de TADAM (qui a authentifié le document). Si, dans un premier temps, le fait que le crack reste extrêmement dangereux n’était pas indiqué “pour rester crédibles face à des utilisateurs de stupéfiants qui n’ont pas envie de s’entendre dire ‘la drogue c’est mauvais'”, une mention a toutefois été apposée dans ce sens sur la nouvelle version de la brochure, nous assure-t-il. Une évidence, certes, mais peut-être utile au plan éthique.


(Par souci déontologique, nous ne publions pas le verso, plus explicite, du document.)


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