Nous publions cette lettre ouverte aux Liégeois, envoyée par l’un de nos lecteurs:

LE PATRIMOINE VAUT MIEUX QUE L’INTÉGRISME

La défense du patrimoine d’une ville vaut mieux que l’intégrisme rétrograde de quelques fanatiques bornés. Le patrimoine de notre ville, c’est d’abord la qualité d’un espace public dont nous devrions tous être fiers et jaloux en bannissant des rues une malpropreté et un laisser-aller qui donne des Liégeois une image peu valeureuse de perdants et de paumés. L’aménagement d’une ville, c’est d’abord le sens de l’espace public.

Pour citer deux contre-exemples d’actualité, à Liège on a violenté cette règle avec deux projets récents qui cassent les alignements au mépris de nos propres règlements communaux. Je veux parler des encorbellements hors gabarit et illicites du nouveau Théâtre de Liège, Place du XX Août mais aussi rue des Carmes, le premier coupant grossièrement la perspective de la rue de l’Université sur toute sa longueur et même au-delà, depuis la Place de la République Française jusqu’à la rue Grétry.

Je veux aussi parler de cette Design Station (rue Paradis) dont le bardage démesuré oblitère lourdement la perspective sur la gare récemment dégagée, surtout depuis la rive droite de la Meuse à la Boverie et en arrivant par la passerelle. On doit pour le moins y déplorer une incongruité en matière d’aménagement !

Car il faut rappeler avec force que la priorité accordée à l’espace public, autrement dit la priorité de l’ensemble sur le particulier, doit rester ou (re)devenir la règle fondamentale du Patrimoine. Et cette règle est tout aussi ignorée par les zélés pétitionnaires protecteurs de vieilles reliques sans intérêt comme feu la Maison Rigo, égarée sur l’esplanade des Guillemins, ou encore l’abominable dentisterie de Bavière, ruine toxique irrécupérable et hors gabarit mais porteuse d’une nostalgie pathologique qui vire au fétichisme.

Encourager l’apparition de tels chancres qui entravent l’aboutissement de projets d’intérêt général dégénère en incivilité absurde préjudiciable au bien commun. En définitive, il faudrait inculquer aux vrais défenseurs du Patrimoine une vision plus large et un sens du discernement requis par les arbitrages indispensables à la démarche de tout aménageur ce qui, vous en conviendrez avec moi, s’accommode mal des soubresauts du populisme et réclame aussi une bonne dose de pragmatisme dans les négociations !

Nestor STREEL Architecte honoraire (1)

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(1) Mon expérience professionnelle m’autorisera à parler d’un sujet qui m’est devenu familier puisqu’aussi bien je devins une cheville ouvrière dans la rénovation de l’Hôtel des Ponts et Chaussées (rue Forgeur), la façade de l’ancien Grand Bazar (Galeries St-Lambert), la démolition de la Tour Piedbœuf à Jupille et la reconstruction de l’angle Paradis-Blonden.

Photo: la Design Station, rue Paradis


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