Début août, le collège communal de Seraing avait chargé les avocats de la Ville de déposer une plainte avec constitution de partie civile. Elle faisait suite une étude financière avait été commandée par les mêmes autorités communales à une financière liégeoise réputée. Celle-ci a révélé des éléments constituant des suspicions de fraude et concernent plus particulièrement des écritures comptables sans pièces justificatives ou sans fiabilité, de même que l’utilisation de moyens de paiement des sociétés impliquées pour des achats personnels. Ladite plainte a été déposée contre “x” et vis à vis de Pierre Grivegnée, ex-administrateur délégué d’Immoval, la société qui porte le fameux projet du Cristal Park et qui est maintenant en procédure de réorganisation judiciaire comme toutes les sociétés du groupe.

Une plainte qui devait forcément arriver puisque, début juillet, c’est Damien Robert, président provincial du PTB et chef de groupe à Seraing qui était déjà allé déposer plainte à la police judiciaire fédérale section affaires financières dans ce cadre. “Dans ce dossier, 42 millions d’argent public ont été amenés dans le projet. Ici, les vannes du robinet ont été ouvertes bien grandes et c’est un torrent de millions qui est arrivé dans les mains des sociétés privées. Mais aucun emploi n’a été créé et un système a été mis en place, avec la complicité de personnalités politiques, pour que cet argent échappe au contrôle public et puisse servir des intérêts privés, y compris illégalement“, justifiait-il alors.

Cristal Park est un vaste projet de reconversion du Val Saint-Lambert, lancé à la fin des années 1990 et effectivement fortement subsidié par divers mécanismes publics à partir de 2008, qui est censé permettre à terme la création de plusieurs centaines d’emplois pour la plupart peu qualifiés. Sont notamment prévus: du logement, un hôtel, un parc d’aventures, une centrale énergétique ou encore des bureaux. Or, malgré les moyens mis en œuvre et le faisceau de sociétés mises en place, rien n’avance vraiment. (Seuls le château et un bâtiment de l’ancienne abbaye ont été rénovés, ainsi que le gros œuvre de trois halles industrielles.) Alors, où sont passés les subsides et à quoi correspondent toutes les dépenses facturées?

Une enquête de la RTBF et du Vif, en juillet dernier, faisait état de fausses factures remboursées avec de l’argent public pour un total de près de 900.000 euros.
Le question se pose également quant à savoir si les prix des terrains du projet, vendus par la ville de Seraing, n’ont pas été sous-évalués au profit une société constituée avec des capitaux privés.

“Détournement, escroquerie, faux et usage de faux et abus de biens sociaux”: le juge d’instruction financier Philippe Richard a maintenant été chargé de cette l’enquête politiquement sensible puisqu’elle pourrait aussi mettre en cause des mandataires locaux coupables -au minimum- de n’avoir pas assez ouvert les yeux.

Lire aussi: La justice enquête sur des soupçons de corruption dans le dossier Cristal Park à Seraing: on reparle d’Alain Mathot


Suivant : Lancement d’une nouvelle boulangerie coopérative rue du Palais
Précédent : Restructuration chez Magotteaux à Vaux-sous-Chèvremont: 60 emplois menacés

► Une erreur ou une proposition d'article, contactez-nous.

×