La salle de consommation de drogue moindre risques (SCMR) du centre de Liège fait débat depuis la rentrée. Au tout début du mois de septembre, Les Engagés estimaient que la “salle de shoot” avait comme conséquence une concentration de la toxicomanie sur le seul territoire de notre ville et demandait une évaluation ainsi que l’organisation d’une commission relative aux enjeux de la toxicomanie.

Autre charge concomitante de la part d’un des deux partenaires de la majorité communale: le MR. Dans une lettre adressée au bourgmestre, l’ensemble des élus communaux libéraux déploraient que la consommation des drogues “est en augmentation dans l’espace public” et que les comportements intrusifs et agressifs, avec un deal de rue de plus en plus visible, font croître le sentiment d’insécurité des commerçants, des habitants et des visiteurs de notre ville. Et de mettre en doute les coûts-bénéfices de la SCMR et son intérêt dans la lutte contre la toxicomanie à Liège. Une salle qui, selon le MR, pourrait alimenter le phénomène de criminalité et d’insécurité, notamment en attirant de plus en plus de consommateurs. “La répression doit également être un des piliers de la lutte contre la toxicomanie, comme dans toutes les autres villes qui comptent une SCMR“, ajoutait le parti.

Comportements psychiatriques et sociaux plus difficiles à gérer

Les écologistes de vert Ardent, eux, soutiennent le dispositif: “Prétendre que la cause du deal c’est la salle, c’est un non sens… ou une stratégie bien connue et bien rodée de la droite pour pointer du doigt les plus précaires et fragiliser les politiques sociales. Qui oserait dire que le nombre de malades justifie de fermer l’hôpital, ou le nombre de sdf fermer le CPAS?“, lançait la cheffe de groupe Caroline Saal sur les réseaux sociaux. “Liège subit comme Anvers une augmentation de la violence organisée et la présence de mafias qui utilisent le deal comme poule aux œufs d’or pour nourrir d’autres trafics plus dangereux (armes, traite d’êtres humains…). C’est elle qui est responsable de l’insécurité.

Auprès de nos confrères de La Meuse, ce matin, le bourgmestre Willy Demeyer (PS) est allé dans le même sens en pointant le trafic international et les mafias qui, au départ du port d’Anvers, cherchent à vendre dans toutes les villes de Belgique et d’autres pays européens. Et il s’agit désormais plus de cocaïne que d’héroïne. Or, “la salle est conçue pour des héroïnomanes et la majorité des utilisateurs réguliers le sont. Le cocaïnomane n’aime pas s’injecter son produit dans une petite cabine, ça ne lui convient pas. Il doit prendre sa dose rapidement et plusieurs fois par jour et n’a pas l’envie de se rendre jusque-là.” De plus, la cocaïne est plus forte que les opiacés et entraîne une altération de l’humeur et de la relation aux autres avec des comportements psychiatriques et sociaux plus difficiles à gérer. Elle peut rendre les personnes paranoïaques et agressives.

Pas de ‘tourisme de la drogue’

Par rapport au profil des consommateurs, le bourgmestre précise que, sur les 984 inscrits différents à la SCMR, les deux tiers ne sont venus qu’une fois ou deux. Pour ce qui est du tiers restant, 85 % sont domiciliés, selon ses informations, sur le territoire de la Ville de Liège (95 % le sont dans la Province).

Des moyens légaux supplémentaires vont toutefois permettre de soutenir l’action de la police, dans les prochains mois, pour agir sur le trafic en rue dont la population se plaint. Les rondes et les arrestations devraient également se multiplier. Mais la lutte contre la criminalité organisée, notamment liée à la drogue, touche les principales grandes villes du pays… et pas que Liège. Au gré des circonstances, le problème a l’air d’être toujours le même.

Comment transformer de la cocaïne en crack: ce prospectus #interpellant de la salle de shoot de la Ville de Liège


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